Un défi a été lancé dans les années soixante quand les milieux politiques genevois se mobilisaient pour la démocratisation des études. L’idée est généreuse mais dans ce projet, l’apprentissage est laissé pour compte. En construisant le chalet, les apprentis font la démonstration de leurs compétences, L’AJETA s’engage avec eux et associe les enseignants, les entreprises et l’Office de la formation professionnelle.
De quoi se dissuader ou entamer une course d’obstacles:
• la route est contrôlée par le garde forestier
• pluies, neige, vent, foudre et brouillard déboulant de la Dôle (mais il y fait souvent beau !);
• le piton est dans une zone non constructible;
• hors saison d’alpage, la combe est un terrain de tirs militaires.
Le 30 avril à 10 heures, les cloches des villages vaudois sonnaient à toute volée pour annoncer l’ouverture officielle de l’Expo nationale à Vidy…
… ce n’était pas pour annoncer le démarrage de la construction du Chalet des apprentis. Entre soleil et grésil, deux apprentis géomètres délimitent l’emplacement du Chalet et des 4500 m2 qui seront sollicités en droit de superficie.
Le géomètre officiel signe le document pour le notaire et le registre foncier.
Un architecte signe les plans du Chalet dessinés par ses apprentis.
21 juin 1964: le dossier est déposé à la Commune de Gingins, la demande d’autorisation est publiée. Des contacts sont pris auprès des communes de Gingins et de Chéserex, du Syndicat d’alpage, de l’Inspecteur forestier, de la Sécurité aérienne et de la Télévision pour prévenir des oppositions.
4 juillet 1964: premiers coups de pioche, l’acte notarié étant enfin signé. Tout au long de la construction, des apprentis de différents corps de métiers se sont succédés, portant le matériel et les encouragements de leurs maîtres d’apprentissage.
Il n’y avait pas que le travail, éprouvant, il faut le dire, à effectuer. Les jeunes découvraient l’esprit d’équipe, d’aventure. Ils réalisaient la place qu’ils prenaient dans le monde des adultes et dans le monde professionnel. Combien de fois sont-ils montés torse nu et repartis sous une tempête de neige ? Ou à l’inverse, arrivant anxieux dans le brouillard et descendant en transpirant; autre apprentissage: celui des lois de la nature. Le chalet a résisté aux assauts des éléments et aux milliers de jeunes hébergés. La maintenance n’a pas été (et n’est toujours pas) une mince affaire. Le toit a subi les effets d’une rafale de vent plus forte que les autres, le crépi et l’étanchéité l’outrage des pluies.
En 1995 de nouveaux apprentis ont effectué d’importantes améliorations à l’instigation de la Fédération des métiers du bâtiment et avec la collaboration des enseignants du CEPTA. La Commune de Gingins a renouvelé le droit de superficie pour trente nouvelles années.
(extraits d’une plaquette publiée en 1995)